L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, connu pour avoir notamment instruit des affaires politico-financières retentissantes comme Elf, Urba ou encore Cahuzac, est mort à l’âge de 71 ans.
À la retraite depuis 2019, Renaud Van Ruymbeke, à la silhouette longiligne, portant moustache et fines lunettes, a été un des juges emblématiques de la lutte contre la corruption en France et a instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies.
Parmi ses instructions figurent notamment l’affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l’enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel.
Pendant des années, Renaud Van Ruymbeke, né le 19 août 1952 à Neuilly-sur-Seine, a aussi traqué les flux présumés de financement occulte par la Libye de Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Sa route a croisé celle de l’ancien président à plusieurs reprises, de l’affaire Clearstream, qui avait fait planer sur le juge une menace de sanction disciplinaire, à celle de Karachi sur le financement de la campagne d’Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.
“Une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire de notre pays”
L’annonce de son décès, dont la cause n’a pas été précisée, a suscité l’émotion dans le monde judiciaire.
Renaud Van Ruymbeke “incarnait l’image du juge d’instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire de notre pays”, a réagi Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation.
L’ex-procureure de Marseille Dominique Laurens a salué “un grand serviteur de la justice, un esprit libre et déterminé qui a inspiré des générations de magistrats par sa lutte contre la criminalité économique et financière et la corruption”.
“Nous perdons un magistrat exceptionnel qui a passé sa vie à travailler sans relâche au service de la Justice”, a souligné le bâtonnier de Paris, Me Pierre Hoffman.
Grand pourfendeur de l’évasion fiscale, l’ancien juge relevait qu'”il n’y a jamais eu autant d’argent sale dans les paradis fiscaux”, lors d’une interview accordée à France 24 en janvier 2021.