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Au Morne hier — Souveraineté des Chagos Wavel Ramkalawan : « Nous soutenons sans réserve la lutte menée par Maurice »

Pravind Jugnauth : « Les discussions  entre Maurice et la Grande- Bretagne ont atteint un stade critique »

Le dossier de la souveraineté de Maurice sur les Chagos a plané sur les célébrations officielles de l’abolition de l’esclavage d’hier. Ainsi, le président de la république des Seychelles, Wavel Ramkalawan, invité spécial du gouvernement à l’occasion de la commémoration du 189e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à Maurice, a, dans un discours empreint d’émotions, affirmé le soutien sans équivoque des Seychelles à la lutte menée par Maurice en vue de l’exercice de son droit de souveraineté sur l’archipel des Chagos. Il  s’est appesanti sur l’histoire partagée de Maurice. « N’oublions pas les liens qui unissent nos deux peuples constituant la fondation des relations entre nos deux États », a-t-il dit.

Abordant le dossier des Chagos, Wavel Ramkalawan souligne qu’ « alors que nous célébrons aujourd’hui (hier) l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage ici à Maurice, il  nous reste maintenant à célébrer la décolonisation complète  de Maurice ». Il précisera sous les applaudissements de l’assistance à Le-Morne que « la position des Seychelles est claire. Nous soutenons entièrement et sans réserve Maurice dans sa lutte  pour que les Chagos retournent à la souveraineté mauricienne. Notre soutien est basé sur le principe de la justice, de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et du respect du droit international. Maurice a tous les droits sur les Chagos. Nous soutenons Maurice dans le parcours en vue d’obtenir la souveraineté. Zot semin, nou chemin. »

De son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a tenu à le remercier  pour son soutien accordé à Maurice en vue de recouvrer la souveraineté sur l’archipel des Chagos.

« Nous avons été respectueux de la loi et des décisions des instances internationales. La majorité écrasante des pays dans le monde nous a soutenus au niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies en vue d’obtenir un avis consultatif auprès de la Cour internationale de Justice et nous avons obtenu un avis en notre faveur.  Le Tribunal des Droits de la mer a clairement affirmé que Maurice est le seul pays qui peut exercer sa souveraineté sur les Chagos »,maintient-il.

Il fera ressortir que les discussions entre Maurice et la Grande- Bretagne ont atteint un stade critique. « Nous ne pouvons prévoir ce qui se passera plus loin mais dans ce combat nous savons que nous sommes du côté de la justice, de la vérité et nous espérons et nous prions pour que le Royaume-Uni fasse en sorte qu’il respectera la justice internationale », laisse-t-il entendre.

Dans un discours très apprécié prononcé en créole, la langue qui unit les deux pays,  Wavel Ramakawan a rappelé qu’il y a 189 ans alors que l’esclavage était aboli, les Seychelles et Maurice constituaient une seule colonie. « Nous étions encore sous le contrôle administratif de Maurice », fait-il comprendre.

« Des millions d’hommes et de femmes et enfants ont subi l’oppression. Leur liberté et leur dignité ont été piétinées. Ils avaient été traités comme des commodités. Alimenté par la voracité de l’argent et par la croyance d’une supériorité raciale, l’esclavage a détruit les familles, dévasté plusieurs civilisations. Cependant, au milieu de l’horreur qu’est l’esclavage, l’esprit de résistance et de résilience est apparu comme une flamme ardente pour détruire l’injustice et l’oppression. La lutte et le combat de nos ancêtres face à l’adversité apparaissent comme un testament de courage et de la capacité humaine », déclare Wavel Ramkalawan au sujet de ces « moments plus noirs de l’Histoire de l’Humanité ».

Poursuivant son intervention, le président des Seychelles a affirmé que l’histoire de Maurice et des Seychelles est un tableau peint avec des larmes, de la souffrance et de la lutte et du sacrifice des ancêtres que ce soit dans les champs de canne  que dans des cocoteraies aux Seychelles. « Beaucoup de générations d’esclaves africains suivis des travailleurs engagés ont travaillé sous le soleil des tropiques. Ils ont nourri avec leurs sueurs et leur conscience cette terre fertile pour nous amener là où nous sommes arrivés aujourd’hui », concèdera-t-il.

« Depuis la période sombre de l’esclavage jusqu’à notre indépendance, nos deux nations ont traversé beaucoup de défis. Aujourd’hui, nous sommes des nations fières et indépendantes. Notre héritage et notre destin sont façonnés par la convergence de différentes cultures qui viennent d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Grâce, en grande partie aux esclaves africains et des travailleurs engagés indiens, nos sociétés sont marquées par la diversité et le multiculturalisme.  Même si notre histoire est remplie de douleur et de souffrance, c’est aussi le témoignage du triomphe de l’esprit humain sur l’adversité », devait-il avouer.

Sur un plan plus intime, Wavel Ramkalawan n’a pas manqué de confirmer de vive voix que ses arrières-grands-parents paternels, originaires de Bihar, en Inde, avaient débarqué à Maurice avant de s’installer aux Seychelles. « Prenant en compte mon ascendance africaine associée aux travailleurs engagés indiens, j’ai toutes les raisons de célébrer avec fierté l’abolition de l’esclavage avec mes frères et sœurs mauriciens », dit-il.

Il a souhaité que les populations des deux pays continuent à se faire inspirer par la résilience et la détermination de leurs ancêtres. « Réaffirmons notre engagement pour promouvoir et défendre l’unité de tout le monde sans prendre en considération sa race, son ethnicité ou sa croyance. Regardons ensemble comme deux nations fières et indépendantes unies par nos patrimoines partagés et notre humanité commune. Aujourd’hui Maurice et Seychelles sont considérés comme deux phares de l’espoir de notre région. Nos histoires partagées et nos relations bilatérales exemplaires dépassent toutes les frontières et toutes les limites Ensemble, continuons à rester un exemple d’espoir  dans ce monde divisé !», devait-il conclure.

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